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2è dimanche du temps ordinaire, année A.   15/01/2023    

Commentaire sur Jean 1, 29-34 : Voici l`Agneau de Dieu

Il y a trois mots à souligner dans ce péricope d`Évangile: révélation, agneau, vulnérabilité.

1-Révélation :

Nous connaissons Dieu par sa propre révélation. Jean-Baptiste est cousin de Jésus. Il est le fils d’Élisabeth et Zacharie. C`est entre sa mère et celle de Jésus dont le mystère de la Visitation a commencé : « En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi »? (Cf. Lc 1, 39 ss). Ce qui fait que Jésus et Jean-Baptiste se sont connus depuis leur sein maternel. Ils se sont côtoyés dans leur jeunesse, au point que Jean allait être le précurseur, l`homme choisi par Dieu pour annoncer la venue du Royaume de Jésus (le basilea) dans le monde.

 

La chose surprenante dans cette portion d`évangile, c`est que Jean dit qu`il n`a pas connu Jésus. Ce qui veut dire, Jean connaissait l`homme Jésus, mais son identité divine lui était inaccessible. Une seule manière pour Jean-Baptiste d`accéder à la divinité de Jésus, c`est qu`il attende le moment opportun pour que Dieu se dévoile Lui-même et nous laisse voir sa lumière. Jean remplissait tout juste une mission. Il ne posait pas de question. Il annonçait Jésus aux hommes, aux femmes de son temps et attendait que le mystère de Dieu se révèle. Ici, Jean nous dresse le principe pour être de bons théologiens et de bons chrétiens : « Croire pour comprendre, mais jamais comprendre pour croire ». Jean explique que Jésus est né après moi, pourtant Il existait avant moi. Ici, il montrait la prééminence, la divinité de Jésus. Dieu se révèle par la voix venue du ciel lors du baptême, puis la descente de la colombe sur les épaules de Jésus dans le Jourdain: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». C`est à partir de la révélation du Père, Jean-Baptiste reconnait que Jésus est le Messie, l`Agneau de Dieu et il l`a présenté aux siens sans avoir la moindre prétention de garder la première place. Quelle humilité!  La colombe est signe de la paix tel que nous l`avons vu dans l`histoire du déluge de Noé. En se posant sur les épaules de Jésus, la colombe annonce un nouveau commencement, une nouvelle terre, un nouvel an, une nouvelle manière de gouverner, un kairos, une nouvelle façon d`accompagner l`humanité comme témoin de la paix en Jésus. Aujourd`hui, nous sommes invités à être les témoins de cette paix apportée par l`Agneau de Dieu dans le monde.

2-L`agneau : 

C`est un mouton. Il est symbole de docilité, d`obéissance, qui accepte tout sans se complaindre. Et il faut être gentil, courageux pour accepter de porter la vulnérabilité des hommes et des femmes bafoués de la vie. Docilité pour réconcilier les antagonistes de la guerre, pour écouter les voix que l`on ne souhaite pas entendre, pour faire avancer le dynamisme du pluralisme religieux, pour libérer ses oppresseurs et regarder les pauvres avec les yeux du cœur. De plus, il faut la docilité de l`agneau pour être patient aux impatients, docilité pour prendre sur soi les péchés du monde. Et c`est ça que Jésus a fait. À la croix, Il a pris tous nos maux et nos chagrins sur Lui. À ce propos, sainte Catherine de Sienne disait : « Ce ne sont pas les clous qui ont tenu Jésus sur la croix mais l`amour», puisque le monde est sauvé par l`amour (Dostoïevski).  `

3-Vulnérabilité:

Nous sommes tous vulnérables. Comme Jésus, Jean-Baptiste a entendu la voix qui disait : « Tu es mon Fils bien-aimé». Cela confirme que nous sommes baptisés non seulement dans l`eau, mais aussi dans l`Esprit avec Jésus.  Par notre baptême, nous apprenons à découvrir qui nous sommes non seulement comme personnes, mais aussi comme peuple, nous sommes les bien-aimés de Dieu. Et l`Agneau de Dieu vient laver nos péchés. Sommes-nous vulnérables? Oui. Sommes-nous pécheurs? Oui. Sommes-nous les bien-aimés de Dieu? Oui! Dans cette même lignée, père Richard Rohr disait: « Nous ne sommes pas aimés de Dieu parce que nous sommes bons, mais nous devenons bons parce que nous sommes aimés de Dieu». Vers les années 1970, Thomas Harris écrivait : « I am ok- You`re ok » (je suis bon, tu es bon). À l`opposé, Jean-Baptiste nous dit dans l`Évangile d`aujourd`hui : « Tu n`es pas bon, je ne suis pas bon », mais nous sommes tous les bien-aimés de Dieu. Au fait, en n`étant pas bons, nous sommes des pèlerins de foi, qui cheminent avec nos imperfections, mais aussi avec nos forces. Ce pèlerinage de foi nous rappelle notre rôle de baptisés à garder l’espérance dans la miséricorde de Dieu, qu`en dépit de nos erreurs, notre vulnérabilité, comme peuple, comme Église, comme ville, Dieu ne tournera jamais sa face contre nous parce que nous sommes ses enfants bien-aimés.

 

Prière

Seigneur, merci de nous apprendre dans l`évangile du deuxième dimanche du temps ordinaire, année A, qu`aucun d`entre nous n`est bon, et que nous sommes tous vulnérables soit par nos maladies, nos faiblesses, nos manques d`écoute, notre agir ou autre. Mais dans notre vulnérabilité, tu viens nous rencontrer et tu nous dis que ton sang peut nous laver, nous purifier, nous guérir pour ressembler à toi parce que tu es l`Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde (nos péchés de chaque jour). Donne-nous, Seigneur, par la grâce de notre baptême, de découvrir qui nous sommes: non seulement comme personnes, mais aussi comme peuple. Merci de nous apprendre que nous sommes tes enfants bien-aimés, non parce que nous sommes bons, mais nous devenons bons parce que nous sommes aimés de toi. Durant notre pèlerinage terrestre, nous t`en prions de renouveler notre foi de baptisés, qu`en dépit de nos erreurs, notre vulnérabilité, comme peuple, professionnels, comme Église, comme ville, de reconnaître que tu ne tourneras jamais ta face contre nous parce que nous sommes tes enfants bien-aimés. Amen!

Fritznel Mertyl, stagiaire