Au Peuple de Dieu du diocèse de Saint-Jean-Longueuil.

Nouvelle lettre pastorale de Mgr Claude Hamelin adressée au Peuple de Dieu du diocèse de Saint-Jean-Longueuil.

 

Pour une Église renouvelée

De la parole aux actes « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » Isaïe 43, 19

Chers amis, Il y a des moments où je suis particulièrement fier de l’Église de Saint-Jean–Longueuil, et aujourd’hui ne fais pas exception : je suis vraiment fier de nous. Fier du chemin que nous avons parcouru ensemble depuis qu’en réponse à l’appel du pape François d’emprunter « le chemin de la synodalité (comme celui) que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire » (Discours du 17 octobre 2015), je vous ai proposé, en solidarité avec l’Équipe de direction, cette idée de démarche synodale à l’automne 2021 ; fier des pas que nous avons faits dans l’appropriation d’une posture synodale ; fier du travail d’écoute et de rencontre accompli ; fier de nous savoir à l’écoute de l’Évangile au cœur des réalités de notre monde. Je tiens particulièrement à remercier les membres du comité synodal pour leur excellent travail tout au long de ces années. L’étape que nous franchissons aujourd’hui nous amène à prendre des décisions et à mettre en pratique ce que l’Esprit dit à notre Église depuis le début de cette démarche. Nous avons entre les mains un plan d’action qui place sa réalisation dans un horizon bien précis : 2030. Les cinq prochaines années seront destinées à la mise en œuvre des lignes directrices et des orientations qui sont l’objet de nos discussions depuis ce matin. Cet horizon dépassera la fin de mon mandat comme évêque et il en est bien ainsi : notre démarche synodale n’est pas une manière de marquer un épiscopat, mais d’engager toute notre Église diocésaine dans un mouvement de renouvellement. En examinant l’évolution de notre diocèse au cours des 92 dernières années, je remarque que l’Église de Saint-Jean–Longueuil n’a jamais hésité à s’adapter aux changements. Depuis sa fondation, et à de nombreuses reprises, nous avons pris la route des hommes et des femmes de notre temps pour nous adapter, innover, créer, afin de mieux témoigner de la Bonne Nouvelle. Être missionnaire est dans notre ADN. Et notre démarche synodale s’inscrit dans cet élan de renouvellement. Une Église qui se laisse constamment renouveler est une Église qui ne se laisse pas influencer par des modes passagères, mais qui se laisse transformer par la puissance de l’Évangile. Le message du Christ demeure le même, la mission de l’Église demeure la même et c’est toujours le même Dieu qui, par son Esprit, « agit en tout et en tous » (1Co 12, 6). Mais je reconnais que, dans la foi, ce même Esprit appelle à faire toute chose nouvelle (cf. Isaïe 43, 19), au cœur des réalités changeantes de notre société. Un Esprit qui nous demande d’être en tenue de service, audacieux et audacieuses, compatissants et compatissantes, accueillants et accueillantes, ouverts et ouvertes. Pendant notre démarche synodale, j’ai senti le souffle de l’Esprit dans notre enthousiasme ; je l’ai vu à l’œuvre dans de nombreuses pousses d’espérance ; je l’ai entendu s’exprimer par la voix de tant de personnes ; je le lis dans les orientations que nous étudions ce matin. Je sais que c’est lui qui nous conduit aujourd’hui, comme autrefois. Mais l’Esprit Saint ne travaille pas seul et l’évêque non plus. Au cours des derniers mois, environ quarante personnes ont travaillé dans un esprit synodal à l’élaboration des lignes directrices, orientations et moyens qui nous sont proposés. C’est ainsi que le Conseil diocésain de pastorale, le Conseil presbytéral, le Comité aviseur sur le bénévolat, le Service de coordination de la pastorale diocésaine et l’Équipe de direction ont étudié, bonifié, validé et approuvé le projet Horizon 2030 soumis par le Comité synodal. Aux membres de ces groupes, je dis merci pour votre contribution : j’ai participé à la plupart de ces réunions et j’ai accueilli chacune de vos remarques et interventions comme autant de témoignages d’amour envers l’Église de Saint-Jean–Longueuil. Si toutes les propositions ont fait consensus, les membres des conseils et comités ont martelé l’importance de créer ou de redynamiser le Conseil d’orientation paroissial (COP) comme moyen privilégié pour vivre et exercer la synodalité. Quelle que soit la forme de ce conseil, je suis convaincu que c’est à cette instance qu’il revient de discerner les actions et d’établir les priorités propres à chaque milieu. Certains souligneront l’importance de tenir compte de la diversité culturelle, tandis que d’autres mettront l’accent sur la place des jeunes, sur la création de petits groupes de discussion, sur l’importance d’améliorer nos interventions sociales ou sur l’évaluation des pratiques pastorales. Mais il importe que l’équipe pastorale, le COP, sans oublier l’assemblée de fabrique, travaillent main dans la main pour réaliser ce projet de renouvellement. C’est ainsi que nous répondrons à la demande du Seigneur, qui est aussi la devise de notre diocèse : « Que tous soient un (…) pour que le monde croie que tu m’as envoyé (Jean 17, 21). Nous consacrerons donc les cinq prochaines années à passer de la parole aux actes. Cela nécessitera de faire les choses méthodiquement, sans céder à la peur, mais résolument et de façon concertée. Ici, j’aimerais porter votre attention sur trois aspects du processus dans lequel nous entrons. Premièrement, il faut garder en tête que nous ne partons pas de zéro. Plusieurs recommandations sont dans le droit fil des actions que nous posons depuis de nombreuses années. Et s’il est vrai que certaines orientations demanderont plus d’audace ou de créativité, n’est-ce pas ce qui nous a toujours distingués comme Église diocésaine ? Sur ce point, faisons-nous confiance. Deuxièmement, comme il a été recommandé par plusieurs, je mettrai rapidement sur pied une équipe diocésaine qui aura pour mission de vous accompagner dans la réalisation de ces orientations. Pas pour contrôler, mais pour stimuler, dynamiser, encourager, afin que nous gardions le cap sur notre horizon 2030. Bien sûr, nous devons tenir compte des rythmes, des ressources et des caractéristiques de chaque milieu, mais nous devons également avoir du respect envers le Peuple de Dieu qui s’est exprimé et dont les souhaits doivent nous inspirer. Enfin, pour que nous puissions mettre en œuvre ces orientations de manière sérieuse et sereine, il est crucial de compter sur l’engagement de tous, sur le plan personnel et communautaire. C’est pourquoi je tiens à ce que, dès ce week-end, nous mettions nos communautés dans le coup en partageant les fruits de la démarche synodale, en nous laissant inspirer par la première lecture de ce cinquième dimanche de carême, extraite du prophète Isaïe : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? (Isaïe 43, 19) » Faisons ensemble œuvre d’espérance. Ensemble, ministres et laïques, femmes et hommes, tous baptisés dans l’eau et l’Esprit, tous coresponsables du présent et de l’avenir de notre Église, ensemble nous réussirons. Les options pastorales que nous faisons nôtres aujourd’hui peuvent paraître bien humbles face aux problèmes auquel fait face notre société. Les fortes incertitudes économiques, les luttes de pouvoir, de richesses, d’ambition et l’ego surdimensionné de certains dirigeants font planer sur tous, et surtout sur les pauvres, des menaces existentielles qui se voient dans les drames humains que nous côtoyons tous les jours. Mais, en cette année jubilaire, n’est-ce pas de notre devoir que d’apporter une parole d’espérance au cœur de ce monde si troublé ? N’est-ce pas notre rôle que d’« espérer contre toute espérance (Romains 4,18) » et de ne pas être « abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance (1Thessaloniciens 4, 13) » comme nous le rappelle l’apôtre Paul ? Je fais le pari qu’en choisissant de nous convertir et de convertir nos attitudes, nos rapports humains et nos pratiques pastorales, au nom de l’Évangile, nous ferons advenir le Royaume. En nous engageant comme pèlerins d’espérance sur les voies de la justice et de la réconciliation, nous ferons émerger la civilisation de l’amour tant espérée par le Père et souhaitée par nos contemporains. Au cœur de ce monde, nous serons levain dans la pâte, formant une communauté diocésaine synodale, accueillante, coresponsable, renouvelée par la Parole, solidaire et engagée. Au cœur de ce monde, nous choisissons d’apporter une Parole qui libère et donne vie, une Parole qui soutient et encourage, une Parole de salut, une Parole faite chair, Jésus Christ, notre Maître et Seigneur. C’est Lui que nous voulons faire découvrir et aimer. Nos actions témoigneront du sérieux de nos engagements.

† Claude Hamelin Évêque de Saint-Jean–Longueuil

En solidarité avec les membres de l’Équipe de direction Brossard, le 5 avril 2025