Un « savoir » en voie d’extinction
Depuis quelque temps je réfléchis à une question qui me préoccupe : le comportement humain. Je ne me pose pas la question d’un point de vue moral; avec d’un côté ce qui se fait ou de l’autre ce qui ne se fait pas.
Ma question est plutôt d’ordre éthique. Celle de tous les jours, celle du quotidien. Voici un palmarès de situations vécues personnellement ou observées dans mon entourage immédiat.
Peut-être aurez-vous un sentiment de déjà vu ou aurez-vous envie d’ajouter vos propres exemples.
Récemment, dans un lieu de travail, un homme sonne à la porte avec insistance à l’heure du lunch et ce, malgré l’indication visible de fermeture entre 12 h et 13 h. La personne restée sur place pour la pause dîner lui rappelle simplement que le bureau est fermé sur l’heure du lunch. Mais lui, veut être servi sur le champ. Il était fort probablement très occupé ou avait déjà pris son repas.
À la maison, j’habite en ville, je subis l’odeur et la fumée d’un feu de camp chaque beau soir d’été. On ne peut garder les fenêtres ouvertes, l’odeur est trop pénétrante.
À la porte d’un centre communautaire de partage qui récupère les meubles et autres objets dans le but de leur donner une seconde vie, je vois régulièrement un amoncellement de diverses choses tout juste sous la pancarte écrite en rouge interdisant de déposer de choses quand le centre est fermé.
Souvent, que ce soit dans la sphère professionnelle ou privée, il est évident que la personne à qui l’on s’adresse manifeste visiblement n’avoir aucun intérêt pour ce que l’on raconte.
Lors d’une sortie au cinéma ou au théâtre je suis toujours étonnée de voir que sans se soucier du lieu où ils se trouvent, des personnes poursuivent leur conversation une fois la représentation commencée.
Au travail, des collègues qui après avoir approuvé une décision d’équipe font tout le contraire.
À ces exemples, j’ajouterais celui de ne pas prendre la peine d’appeler pour annuler un rendez-vous avec une personne qui offre un service professionnel comme la coiffeuse, le garagiste, le dentiste, la massothérapeute. Il en va de même pour l’annulation d’une réservation au restaurant. À quoi bon ?
Les règles de l’étiquette, les manières dites de bienséance ne sont plus nécessairement enseignées ni même à la mode. Avoir une conversation dans une bibliothèque, est devenue la norme. Parler au cellulaire n’importe où (en présence d’autres personnes qui ne choisissent pas volontairement d’entendre les conversation) est devenu la norme. L’espace public et privé ne font qu’un.
Dernier exemple. Imaginez ceci : célébration du rite de baptême dans une église. L’assemblée, à l’inverse de la messe dominicale, est composée majoritairement de trentenaires. La personne qui anime la célébration doit intervenir à quelques reprises pour demander aux personnes de baisser le ton. Évidemment, on pourrait se dire que le décorum à suivre quand on se trouve dans une église n’a pas été transmis, ni expérimenté. Ils ne savent pas. Ne connaissent pas les us et coutumes du lieu.
D’accord. Je veux bien…
Mais la question qui me taraude est la suivante : à quel moment de l’histoire humaine la simple habileté naturelle, intuitive, de respect s’est-elle dissoute ? À quel moment précis sur la ligne du temps, le réflexe de se taire et écouter une personne qui s’adresse à nous s’est-il éteint ?
Je ne crois pas qu’il soit préférable, ni souhaitable, ni même justifié de revenir à des règles strictes et étriquées mais à si la tendance se maintient et que le savoir-faire et le savoir être sont appelés à disparaître, j’ose espérer que le savoir-vivre a, quant à lui, toujours de l’avenir.
« Le gros bon sens, juste le gros bon sens » comme disait mon grand-père.
Louise Blais, agente de pastorale