Témoin de la guérison et de la vie malgré tout
Aujourd’hui, c’est la fête de saint Blaise et c’est aussi la Journée mondiale des malades.
En 2009, je participais à une conférence sur la vie religieuse. Le conférencier disait : « J’ai été en Suisse récemment, j’ai vu une religieuse en train de gratter des carottes à la cuisine des sœurs Carmélites. Quand je lui demandais ce qu’elle faisait là, elle m’a dit : « J’ai complété un doctorat en énergie nucléaire. Mais quand j’ai réfléchis aux dégâts qu’un atome peut causer à la vie humaine, j’ai choisi de venir servir Dieu à genoux dans cette communauté ». Quelle humilité !
Blaise, philosophe et médecin, pouvait être athée et causer beaucoup de peines à l’Église. Mais il a choisi le contraire, comme la sœur religieuse, de servir Dieu auprès des personnes de sa communauté. Entre l’histoire de la religieuse et la vie de Blaise, il existe un lien au ministère de guérison que Jésus a inauguré dans l’évangile d’aujourd’hui, communément appelé « le temps de l’Église ». Au fait, deux mots feront l’objet de notre homélie ce matin: Sauvé et condamné.
1- Sauvé
Jésus dit aux apôtres : « Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création et celui qui croira sera baptisé et sauvé. Sauvé suppose la foi, c’est un état de bonheur, de joie, d’accomplissement en Jésus Christ. Une fois que l’on croit, on devient un autre, on se fait baptiser et l’on devient disciple convaincu de Jésus sans poser de question. À ce propos, Mère Teresa de Calcutta disait : « Emmène-moi, Seigneur, là où tu veux sans me demander question. »
C’est sur cette route de foi que Blaise a marché au 4e siècle. En dépit qu’il était philosophe, médecin, riche, il se laissait interpeller, imprégné par Jésus pour accompagner le peuple arménien qui n’avait ni père ni repère. Comme évêque, il était médecin des âmes, comme docteur, médecin du corps. Pour ainsi dire l’évêque, comme le prêtre, c’est celui qui prend soin, qui console, qui panse les blessures en exerçant une pastorale samaritaine aux hommes et aux femmes qui lui sont confiés.
Sur la route de Jéricho, le lévite et le prêtre voyaient l’homme abattu. Ils disaient : « Qu’est-ce qui va nous arriver si nous nous occupons de lui? ». À l’opposé, le samaritain disait : « Qu’est-ce qui va lui arriver, si je ne m’occupe pas de cet homme abattu sur la route? En fait, à un moment où les chrétiens étaient persécutés en Arménie, Blaise était désormais devenu un pont entre la souffrance humaine et la compassion de Dieu (Jean Paul II, Le mystère de la souffrance). Cela traduit qu’une fois sauvé, on ne peut plus être égoïste. On est habité par la générosité de Jésus pour sauver d’autres vies de manière désintéressée.
Dans l’évangile, saint Matthieu dit : « Jésus après avoir donné mission aux apôtres de guérir les malades, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de son Père. Ainsi, Jésus a inauguré une pastorale de santé mondiale. Et que, même devant la mort, il nous fait injonction de continuer cette mission salvatrice auprès des humains. C’est exactement ce que saint Blaise a fait. Sur la route de son martyre, il s’arrêta pour guérir un enfant mourant qui avait avalé un os de poisson. En choisissant de se spécialiser dans le traitement des maux de gorge, Blaise choisit non seulement de marcher sur les traces de Jésus, le guérisseur par excellence, mais aussi nous interpelle à être des témoins de guérison pour notre famille, nos amis, notre Église, nos prochains et les gens éloignés.
2- Condamné
L’Évangile dit : « Celui qui refusera de croire sera condamné ». Cela traduit : ceux et celles qui ne sont pas encore prêts à accueillir l’Évangile, il y a toujours de la place, venez quand vous voulez, l’invitation est éternelle, l’Église est là pour tout le monde et est perpétuellement en mission.
3- Face à la persécution des chrétiens, Blaise s’est déplacé dans une caverne de la forêt et vécut en ermite. Sujet à dire aux personnes de l’église de Saint-Blaise, Jésus vit, accompagne son peuple partout où il se trouve et comme l’Église n’appartient pas à un lieu fixe, nous pouvons être Église partout. Les personnes de Saint-Blaise ont bien compris le message de Blaise, lorsque le contexte pastoral des paroisses de Saint-Jean a changé Saint-Blaise a accepté de se joindre en un seul lieu de culte avec Sainte-Marguerite. Voilà un témoignage de maturité de notre Église locale à marcher ensemble.
4- Blaise a vécu en ermite dans la caverne pour nous rappeler de prier pour les Églises persécutées, car, comme au temps de Blaise, il y a des chrétiens aujourd’hui qui meurent martyrs parce qu’ils ne veulent pas renier leur foi. De plus, Blaise a vécu dans la caverne pour attirer nos regards sur les itinérants, les exilés, les réfugiés et bien des pèlerins de l’histoire qui peinent à trouver un abri en cette saison hivernale.
5- Lynette nous lit : « Même dans la forêt là où Blaise se cachait, des gens venaient en masse pour se faire soigner leur âme, leur corps et leurs animaux. D’autres histoires racontent que Blaise domptait des animaux sauvages qui devenaient ses amis dans la forêt. Ainsi, par l’exemple de sa vie, Blaise, avant saint François d’Assise, a inauguré la pastorale de l’environnement au 4e siècle, que pape François appelle aujourd’hui l’environnement de notre maison commune (Laudato Si). Maison où le lion et l’agneau, le chien et le chat ou les personnes de caractères différents peuvent cohabiter en dépit de leur différence.
6- Enfin, la fête de saint Blaise c’est la fête des chrétiens persécutés, des réfugiés, des bénévoles, des agents pastoraux, du personnel de la santé, des autorités civiles et policières qui travaillent ensemble pour une communauté en santé, une Église renouvelée dans l’histoire. Dans la bénédiction des gorges que nous allons recevoir aujourd’hui, quand les bougies vont nous toucher, c’est le toucher de Jésus, lui qui est notre lumière, notre salut, notre médecin divin. Soyons toujours des témoins de guérison au monde! Bonne fête, saint Blaise!
Fritznel Mertyl, homélie à la fête de saint Blaise, 5 février 2023