Acte de consécration de la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie

« Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours
à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne
t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse
providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus,
Prince de la paix.
Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du
siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint
les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de
trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés
malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous
sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons
préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et
accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de
la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons
blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes
devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons :
pardonne-nous, Seigneur !
Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du
mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et
qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever.
C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Coeur immaculé un refuge pour
l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec
tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire
Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Coeur, nous, tes chers enfants
qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure
sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je
pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de
notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne
méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de
l’épreuve.
C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de
Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste,
tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car
aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité
s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes
devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent
de ton intervention maternelle.
Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.
Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées
pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait
le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles
caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte
maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton
Cœur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre
soin de l’humanité blessée et rejetée.
Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes
côtés, t’a dit : « Voici ton fils » (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis
au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons
t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité,
épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se
consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent
avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples
fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.
Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur
immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et
l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que
cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les
portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton
Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les
attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.
Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce
palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui
l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de
nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de
nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les
chemins de la paix. Amen. »